Philippe Chitarrini - de la peinture avant tout

Je pourrais représenter à travers mes peintures des paysages, des objets ou des personnages, ou encore laisser libre cours à mon imagination pour livrer une interprétation de mes derniers rêves ou de ceux que je serais à même de faire. Il n’en est rien. J’ai évacué de mon travail tout type de représentation.
 
Je peins des peintures qui présentent la peinture elle-même, des propositions picturales. D’autres l’ont fait avant moi, certes, mais je m’efforce de le faire avec les moyens qui me sont propres, en tenant compte des principales composantes de la peinture pour la questionner.
Parmi ces composantes, l’espace, ou plus exactement la mise en espace, reste pour moi ma préoccupation la plus importante.
Lorsqu’en 2017 Roland Botrel a écrit un texte sur mon travail, il l’avait déjà très bien ressenti :
« Ce n’est plus comme avant, le choc d’un tableau d’une seule couleur accroché à un mur qui se joue là, mais la prise en compte du mur transformé par la touche de couleur… Que dis-je du mur ! Du lieu tout entier !!! »
Un peu plus loin il concluait :
« Il y a là encore comme une envie de construire, de sortir du cadre, d’envahir l’espace. »
 
Pour résumer, les formes et la lumière m’intéressent moins que l’espace. Les formes, comme la lumière, ne sont qu’un prétexte pour permettre à l’espace pictural d’apparaître comme tel et de se prolonger au-delà des limites du tableau. Je recherche une peinture pure, qui ne demande pas au spectateur de se plonger dans la contemplation, mais davantage d’entrer dans sa dynamique. Le spectateur doit se déplacer sans cesse dans l’espace qui environne mes toiles pour en percevoir les subtilités et projeter leur extension dans le lieu qui les reçoit.
Philippe Chitarrini